1. Lorsque nous naissons à la lumière, les Autres nous attendent.
Ils tendent les bras, et nous hurlons de peur et de douleur
sous l’oxygène et les forceps. Ils sont les évidences premières.
2. Ils seront d’abord touchers, odeurs et bruits distincts de chantonnements.
Puis la chair tiède et conique d’une Autre nous comblera.
Un liquide chaud, sucré. Et nous conserverons le goût du sein des Autres.
3. Les Autres ont des membres, des bras et des jambes.
Ils passent, s’approchent, se retirent. Ce sont des ombres encore.
Ils nous tournent et retournent, nous langent.
4. Comme la lumière s’accroît, comme cède l’ombre,
nous devinons les triangles et les cerceaux des visages,
puis les rideaux que tissent les cheveux devant ces orifices qui brillent, les yeux.
5. Les Autres émettent des sons, dont certains effraient.
Nous craignons leur présence, mais la souhaitons aussi,
car ils dispensent ce liquide tiède qui apporte l’apaisement.
Nous craignons leur absence.
Alain Gagnon
alain.gagnon28@videotron.ca
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